Réseaux sociaux : quels risques pour nos jeunes et que dit la loi ?
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Réseaux sociaux : quels risques pour nos jeunes et que dit la loi ?

L’omniprésence des réseaux sociaux dans la vie des jeunes constitue aujourd’hui un enjeu de santé publique majeur. Le futur renforcement de la législation en Australie, la promulgation de la loi du 7 juillet 2023 en France, et les initiatives européennes viennent rappeler que des efforts de régulation sont en cours, bien que leur application reste un défi.

 

Bien qu’ils soient source de liens, d’apprentissage et de divertissement, les réseaux sociaux représentent également des dangers pour le développement psychologique et social des enfants et des adolescents.

Les risques liés aux réseaux sociaux incluent :

  • Cyberharcèlement : Selon une enquête menée par UNICEF, plus d’un adolescent sur trois dans le monde est touché par le cyberharcèlement. Ce phénomène, souvent amplifié par l’anonymat, peut conduire à des troubles de l’anxiété, de la dépression, voire à des comportements autodestructeurs.
  • Développement de l’image de soi et dépendance : L’exposition aux standards de beauté irréalistes, à la comparaison sociale et aux « filtres de perfection » contribue à l’augmentation des troubles alimentaires, de la dysmorphie corporelle, et d’une vision altérée de la réalité. La dopamine libérée par les interactions virtuelles peut par ailleurs conduire à une dépendance aux réseaux sociaux, impactant les performances scolaires et les relations interpersonnelles.
  • Accès non contrôlé à du contenu inapproprié : Malgré les systèmes de vérification d’âge, de nombreux jeunes accèdent facilement à des contenus violents, à caractère sexuel ou inappropriés, qui peuvent affecter leur développement émotionnel et leur perception des rapports humains.

L’Australie veut interdire les réseaux sociaux aux jeunes de moins de 16 ans

Le 7 novembre dernier, Anthony Albanese, le premier ministre australien, a déclaré vouloir fixer à 16 ans l’âge à partir duquel les mineurs pourront accéder aux réseaux sociaux. Cette mesure vise à renforcer la sécurité des jeunes sur les réseaux sociaux, en obligeant les plateformes à vérifier l’âge des utilisateurs et à interdire l’accès aux mineurs de moins de 16 ans sans autorisation parentale. Un bon moyen de protéger les mineurs des dangers mentionnés, mais aussi à responsabiliser les parents et les plateformes.

Les sanctions en cas de non-respect de cette loi seront sévères pour les entreprises, incluant des amendes conséquentes et la possibilité d’être suspendues. Ce cadre strict pourrait constituer une source d’inspiration pour d’autres pays, en soulignant l’importance de la régulation à l’échelle nationale.

La France et la Loi du 7 Juillet 2023 : une application complexe

En France, une loi similaire a été promulguée le 7 juillet 2023, fixant à 15 ans l’âge minimum d’inscription sur les réseaux sociaux sans autorisation parentale. L’introduction de cette « majorité numérique » avait pour objectif de garantir une sécurité accrue pour les jeunes et de limiter leur accès prématuré aux réseaux sociaux.

Cependant, en pratique, la loi se heurte à plusieurs obstacles. L’application concrète d’une vérification d’âge stricte pour chaque utilisateur reste un défi technique. À l’heure actuelle, l’identité numérique universelle permettant une vérification fiable de l’âge n’est pas encore déployée. Par conséquent, la plupart des plateformes continuent de demander uniquement une déclaration d’âge, sans système de contrôle efficace.

Quelle réponse de l’Union Européenne face aux dangers des réseaux sociaux ?

Face aux dangers que représentent les réseaux sociaux, l’Union européenne a renforcé son cadre législatif grâce à l’entrée en vigueur du Digital Services Act (DSA) en 2023. Ce règlement impose de nouvelles obligations aux plateformes en ligne, particulièrement celles comptant plus de 45 millions d’utilisateurs mensuels, telles que Facebook, Instagram, TikTok et Snapchat. Parmi les mesures spécifiques visant à protéger les jeunes utilisateurs :

  • Interdiction de la publicité ciblée pour les mineurs : Les plateformes ne peuvent plus exploiter les données personnelles des jeunes à des fins publicitaires, un point crucial pour limiter l’exposition à des contenus marketing inappropriés.
  • Modération renforcée : Les réseaux sociaux doivent établir des systèmes de signalement des contenus illicites ou nuisibles, avec une priorité donnée aux signalements d’organisations reconnues pour leur expertise.
  • Transparence accrue : Les plateformes sont tenues de fournir des informations claires sur leurs algorithmes et leurs pratiques de modération, permettant ainsi aux utilisateurs de mieux comprendre le fonctionnement des contenus proposés.

L’application de ces règles est surveillée par des autorités nationales, comme l’ARCOM en France, et des sanctions pouvant atteindre 6 % du chiffre d’affaires mondial des plateformes sont prévues en cas de non-respect.

En parallèle, le Digital Markets Act vise à limiter la domination des géants du numérique et à promouvoir un environnement en ligne plus équitable, favorisant ainsi le développement de services adaptés aux jeunes.

Ces initiatives européennes, ambitieuses par leur ampleur, constituent une première mondiale. Elles s’inscrivent dans une volonté de créer un espace numérique plus sûr pour les jeunes, tout en respectant leurs droits fondamentaux et leur liberté d’expression. Cependant, leur efficacité dépendra largement de la coopération entre les plateformes, les autorités nationales et les consommateurs eux-mêmes.

En complément des législations, une éducation numérique, un accompagnement parental et des discussions ouvertes sur les risques liés aux réseaux sociaux sont nécessaires pour que les jeunes puissent naviguer dans cet univers virtuel en toute sécurité. Par ailleurs, le recours à un psychologue spécialisé dans les problématiques liées au numérique peut être une ressource précieuse. Ce professionnel peut aider les jeunes à développer une relation saine avec les réseaux sociaux, à mieux gérer leur image de soi, et à prévenir des troubles tels que l’anxiété ou la dépendance. Les consultations peuvent aussi offrir un espace de parole neutre, permettant d’aborder des sujets complexes comme le cyberharcèlement ou les impacts des contenus inappropriés.

Daniela Amores Díaz, psychologue de l’enfant et de l’adolescent

Psychologue clinicienne et psychothérapeute, Daniela Amores Díaz est spécialisée dans l’enfance et l’adolescence. Selon une approche intégrative, elle utilise les outils des thérapie cognitivo-comportementale, d’acceptation et d’engagement, mais aussi comportementale dialectique, pour répondre aux besoins de ses jeunes patients. La première séance est exclusivement dédiée aux parents ou à la personne en charge légale de l’enfant. De cette manière, Daniela initie la construction de l’anamnèse de l’histoire évolutive et du développement de l’enfant, afin d’obtenir un premier aperçu de la problématique.

Rencontre avec Daniela Amores Díaz